Vous n’avez rien compris à Monster Hunter

Salut à toi joueur occidental! Aujourd’hui, je suis d’humeur raciste. Je vais t’opposer au joueur japonais. Malgré le fait que la plupart d’entre eux ont toutes les chances d’être plus petits que toi, il faut bien avouer qu’ils ont des goûts nettement plus sûrs en matière de jeu vidéo. Je pense spécifiquement à leurs têtes des ventes. Pendant que tu te prélasses dans ton Call of Duty et ton Last of Us, eux encensent Monster Hunter. Etant donné l’imminence du 4 dans nos contrées, je me vois donc contraint de t’expliquer pourquoi tu ferais mieux de t’acheter du goût d’ici au 14 février.

Tes jérémiades quant à Monster Hunter, je les connais. Dans un passé pas si lointain, je fus comme toi: un ignorant. Je criais à qui voulait l’entendre que la série de chasse de Capcom était une série dépassée. Ma critique se fondait sur une objection principale: un gameplay aussi rigide ne pouvait contenter un joueur actuel. Pas la peine de te dire que si on en est là aujourd’hui, c’est que je disais des conneries.

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Globalement, on peut classer les jeux en quatre catégories:
La première, et la plus attractive de mon point de vue: les jeux simples et profonds. Leur simplicité permet à tous de les aborder tout en proposant un véritable intérêt sur la durée. On trouve dans cette catégorie Tetris, Mario Kart ou encore Towerfall.
La deuxième, moins noble, regroupe les jeux simples et superficiels. Comme la première catégorie, elle attire le plus grand nombre en proposant un plaisir immédiat mais n’a rien d’autre à proposer sur la longueur. On classe ici Farmville, Angry Birds ou les récents Naugthy Dog.
La troisième catégorie nous emmène elle dans les abysses du ludisme avec les jeux complexes et superficiels. Des entités diaboliques s’autorisant à cacher un gameplay sans relief derrière un apprentissage laborieux. On trouve parmi les fiers représentants du genre Skyrim et Final Fantasy XIII.
La quatrième et dernière catégorie est avec la première la seule méritant ton intérêt: les jeux complexes et profonds. Ce sont les jeux qui donnent le vertige. Ils exigent des vacances et de l’abnégation pour révéler leur substantifique moelle car ils cachent derrière leur difficile apprentissage des trésors de gameplay. On trouve ici la célébrissime série des Souls, Dragon’s Dogma et Monster Hunter, justement.

Plus riche de cet enseignement, retournons maintenant auprès de mon objection principale à l’encontre de la série: son gameplay prétendument rigide. Examinons donc sur quelle base cet affirmation reposait. Comme la majorité de votre masse ignorante, mes convictions reposaient sur deux à cinq heures de jeu. Rappelons-nous maintenant à quelle catégorie de jeux appartient notre sujet du jour: la quatrième, celle des jeux COMPLEXES et profonds. Ce qui devrait vous mener à une conclusion triste mais juste: le gameplay de Monster Hunter n’est pas rigide, vous êtes seulement des incapables. La série Monster Hunter, comme celle des Souls, n’a pas vocation à vous gratter dans le dos d’entrée avec des séries de combos flatteurs. Seules des heures d’entraînement vous mèneront à la fluidité dont vous rêvez.

Précisons un peu le fonctionnement de ce gameplay, car je sais l’idiot parfois têtu. Contrairement à des séries comme Devil May Cry ou Ninja Gaiden très inspirées du jeu de combat avec leurs combos, juggle et frame perfect, Monster Hunter repose lui sur la gestion de l’espace et du timing. Comme dans une véritable chasse, tout l’intérêt réside dans la connaissance parfaite des patterns de la proie, du terrain et de l’arme choisie par le chasseur. Trois paramètres qui au grès des parties vont subir des modifications drastiques permettant de renouveler l’attention du joueur quasi à l’infini. Les armes sont tout particulièrement un point de pivot du jeu. Elles proposent presque toutes une façon unique d’aborder les combats. Un changement d’armes implique à chaque fois un nouvel apprentissage. Leur seul point commun est dans cette lourdeur apparente que perçoit le joueur débutant. En effet, au départ toutes les tentatives d’enchaînement se soldent par un échec cuisant. Dans Monster Hunter, il n’y a pas de verrouillage automatique de la cible, il est donc primordial de perfectionner sa connaissance de chacun des mouvements si vous souhaitez administrer à votre cible plus de deux coups d’affilée. Un parti pris qui agace prodigieusement les quinze premières heures mais qui est ensuite la source d’orgasme à répétition lorsque l’on arrive à choisir le bon geste, au bon endroit et au bon moment.

Je terminerais en étant magnanime avec toi cher lecteur. Je dois bien admettre que si je comprends aisément ton engouement pour des jeux pas toujours intelligents, ni profonds mais faciles d’accès, le succès grand public d’un jeu aussi complexe que Monster Hunter au Japon me laisse perplexe. Comme quoi même si je suis moins con que lorsque je n’appréciais pas Monster Hunter, il me reste encore du chemin avant de t’être définitivement supérieur.