Promotion nouvelle génération

Cultivés comme vous l’êtes, vous avez sûrement déjà entendu parler d’Overwatch. Un FPS multi très inspiré des mobas, proposant des héros à la personnalité marquée, dotés de capacités uniques. Si le jeu a l’air tout ce qu’il y a de plus recommandable, j’aimerais plutôt m’attarder sur la manière dont Blizzard l’a annoncé. On sait qu’à l’heure d’Internet, la diffusion de vidéos est un élément central de la stratégie commerciale. Elles font le tour de la planète en quelques minutes et précédent souvent de plusieurs jours les premières impressions des journalistes. Blizzard, l’a bien compris. Leur annonce d’Overwatch constitue alors une excellente occasion de s’intéresser à ces nouvelle manières d’illustrer un gameplay sur un support vidéo.

Il y a encore peu, la majorité des annonces se faisaient plutôt « à la Watch Dogs ». Une vidéo montrant une séquence d’action truffée de scripts prétendant être représentative du gameplay était dévoilée devant un parterre de journalistes en délire lors de la messe annuelle de l’E3. Le soufflé du buzz gonflé à bloc retombait ensuite progressivement jusqu’à la sortie du jeu où tout le monde se rendait compte que ce trailer initial était un bien joli morceau de pipeau. Le jeu sortait finalement dans une ambiance de « c’est bien mais pas top non plus » et chacun rentrait chez soi en se demandant à quoi bon user encore de ces vieilles techniques complètement obsolètes. Car ces séquences aux promesses très cinématographiques perçues hier à travers la prose d’un journaliste ou une vidéo de mauvaise qualité, sont aujourd’hui diffusées instantanément sur tout la planète en haute définition. Si les journalistes ont une certaine expérience permettant de prendre quelque distance avec les promesses de ces trailers, le joueur lambda croit lui à chaque fois tenir son fantasme de film totalement interactif. Une illusion immanquablement brisée par les réalités mécaniques du jeu final. Une tradition défavorable tant au joueur qu’à l’éditeur, à laquelle Blizzard semble avoir trouvé une alternative intéressante.

Peu avare en matériel vidéo, Blizzard diffusait dès l’annonce d’Overwatch pas moins de quatorze vidéos que l’on peut regrouper en 3 groupes distincts:

  • Le « cinematic trailer » à la Pixar posant le cadre thématique. Six furieuses minutes où l’on sert au spectateur sa dose d’épique pour poser l’univers de jeu. A ce stade, il n’est évidement pas question de parler de système de jeu, juste de la cinématique dans toute sa force évocatrice pour parler au plus grand nombre.
  • Le « gameplay trailer » qui, comme son nom l’indique, pose les bases du gameplay tout en conservant une certaine mise en scène pour donner une idée générale du fonctionnement du jeu et de ses caractéristique principales.
  • Douze vidéos décrivant les possibilités de chaque personnage, pour les joueurs souhaitant appréhender le gameplay dans le détail.

Avec ce large éventail de propositions vidéos, Blizzard propose quelque chose d’attractif pour tout les publics, sans oublier de vendre un véritable système de règles. Le joueur peut ainsi se faire une idée précise sur l’objet de son désir et l’éditeur évite un retour de flamme critique lors de la sortie.

Non seulement cette nouvelle stratégie montre une adaptation intelligente à notre époque mais surtout elle s’émancipe de la promotion de type cinématographique pour trouver une voie propre au jeu vidéo et, comme vous le savez, rien ne peut me rendre plus heureux.