Kind of Soccer

Mes bien chers lecteurs, vous n’êtes pas sans savoir que la grande fête du foot international bat son plein au Brésil. Période éminemment pénible pour le citoyen suisse car, nos qualités footballistiques étant ce qu’elle sont, nous voilà pendant un mois spectateurs du succès des autres. Personne ne s’étonnera alors qu’un de nos créatifs nationaux accouchent de Kind of Soccer. Une vengeance ma foi fort bien justifiée.

Une sorte de football suisse
Christian Schnellmann est parti du principe que quitte à ne pas savoir mettre des buts, autant frapper l’arbitre avec le ballon. C’est certes méchant, mais indéniablement rigolo. Je me vois donc dans l’obligation de cautionner cette perversion du jeu de foot traditionnel. Kind of Soccer représente son terrain de foot en 2D, vu du dessus sauce Kick-Off. Seulement voilà, nos footballeurs sont parfaitement statiques. Le joueur ne peut qu’opérer des passes au moyen d’un système de catapultes type Angry Birds. L’équipe adverse, elle, se déplace pour intercepter le ballon et protéger l’arbitre qui court comme un condamné à mort aux jeux du cirque. Lorsque ce dernier est touché, notre équipe marque un point. Inversement, à chaque fois que le ballon est intercepté ou que la balle sors du terrain suite à un tir mal ajusté, le point va à l’équipe adverse. Le premier à 5 gagne. Par la suite, un « time mode » se débloque où toucher l’arbitre incrémente le score de 100 points et perdre la balle le soustrait de 50, l’objectif étant d’atteindre le score le plus élevé en un temps limité.

Une belle mécanique…
Ce gameplay simple est d’une telle efficacité que l’on se demande comment personne n’y avait pensé avant. Rapide, tactique et arcade à la fois, ces courts matchs conviennent parfaitement à une consommation sur téléphone portable. Cerise sur le ballon de foot, 12 pouvoirs spéciaux idiots et jubilatoires viennent apporter une variété bienvenue à l’ensemble: transformation de l’équipe adverse en forêt, arrêt du temps, ballon téléguidé, laser, terrain glacé ou appel de renfort. La plupart de ces items sont agréables à utiliser et apportent une variété bienvenue. « La plupart » parce que malheureusement à partir d’ici, il me faut déplorer un certain nombre de choses. Concernant le gameplay, seuls quelques bonus à la limite du compréhensible ainsi que le soucis des gros doigts obstruant la lisibilité du jeu, inhérent à l’écran tactile, m’ont quelque peu chiffonné. On ne peut malheureusement pas en dire autant de la présentation générale.

…emballée à la hâte
Le premier contact avec un jeu iOS est comme chacun sait son icône. Celle de Kind of Soccer ferait fuir un aveugle. Entre le choix de couleurs à la mode lors de l’adolescence de Michel Platini et la présence simultanée dans 4 cm2 de trois lettres, trois footballeurs et un ballon de foot, mes yeux imploraient pitié. Heureusement, une fois l’application lancée, le jeu est lui plutôt correct. Les footeux avec leur style rétro sont assez agréables à l’oeil et le tout est plutôt lisible. Sauf lorsque le terrain décide aléatoirement de prendre une couleur fluo, brûlant les restes de rétines régurgités par l’icône démoniaque. Toujours dans une joyeuse ambivalence, l’environnement auditif est partagé entre une musique absolument horripilante et des bruitages plutôt réussis. Mention toute particulière au bruit comique fort à propos qui accompagne l’abattage de l’arbitre. Dernier grief avant de reprendre courtoisie et positivité: le « time mode » affiche en petit le score obtenu et en gros le purement décoratif résultat du match. Après de nombreux matchs aux conventions totalement opposées, soit un score absent et un résultat primordial, le joueur patauge longtemps dans un profond sentiment de confusion avant de saisir le fonctionnement de ce mode de jeu essentiel.

C’est un euphémisme de dire que Kind of Soccer avec son emballage « fait maison » m’a quelque peu irrité, mais cela ne m’a en aucun cas empêché de profiter pleinement de son brillant gameplay. Finalement, Kind of Soccer illustre à merveille mon d’ors et déjà célébrissime proverbe d’inspiration footballistique : « Le jeu vidéo est composé de nombreux domaines artistiques, mais à la fin c’est toujours le game design qui gagne ».