« Génial! Un éditeur de niveaux! Rhooolala je vais au moins pouvoir jouer pendant mille ans! C’est infini! » se dit le joueur naïf face à un énième jeu au « contenu généré par les utilisateurs ». Seulement passé la jaquette, la réalité va venir mettre une bonne baffe dans la gueule de toute cette bonne volonté. L’enthousiasme se modère dès la rencontre avec Tutoriel. Tutoriel on le connaît tous, c’est cet ami gênant qui vous veut du bien mais qui parle trop. Ce lourd que l’on doit inévitablement se coltiner avant de faire jaillir notre créativité à la face du monde. Résultat, comme toute personne sensée, vous entamez la conversation et au fur et à mesure qu’il déroule son interminable blabla votre impatience va trouver refuge dans le mode standard. Et tant pis pour l’infini.
Le Ludum Dare vous connaissez? C’est une Game Jam (plein de gens avec plein d’enthousiasme qui font plein de jeux) réunissant des Game Designers du monde entier pour accoucher de jeux en un week-end autour d’un thème commun. En avril dernier le thème du week-end était « Minimalisme » et Zapped Cow un petit studio Suisse y accouchait d’un jeu nommé « … :D ». Sagement, il propose un principe simple et brillant comme l’exige le thème: une histoire de pixels de couleurs sur lesquels il faut passer pour faire disparaitre des lignes de couleurs correspondantes, horriblement compliqué à expliquer par écrit mais limpide clavier en main, promis. On passe donc un moment agréable exigeant intelligence et adresse en sa compagnie et alors que l’on se prépare à passer à autre chose on constate le bouton «contenu généré par les utilisateurs» appelé ici de façon bien peu marketing: Editor.
Editor n’a pas de Tutoriel. C’est une sorte de boîte de nuit sans videur. N’importe qui peut y entrer. Le principe de base est si clair après la traversée du mode solo, que l’on peut s’amuser à créer son niveau au bout de quinze secondes montre en main. Juste le temps de prendre connaissance des dix éléments utilisables et bienvenus dans l’univers magique du game design avec ses contraintes et ses plaisirs. Ce sera une poursuite infernale pour moi, des souvenirs scolaires pour lui et même le PSG pour d’autres (c’est dire si on fait rentrer n’importe qui). Bref, pour une fois la phrase galvaudée «vous vous amuserez autant à créer vos niveaux qu’à y jouer» n’est pas volée.
Inévitablement aussi, vous reviendrez aux niveaux de base, pour chercher de l’inspiration et peut-être aussi pour vous rendre compte que le game design ça ne s’improvise pas sur un coin d’Internet. Les outils sont simples, les idées bondissantes mais le résultat pour être probant demandera toujours de passer énormément de temps avec cet ami encore plus épuisant que Tutoriel: le bien nommé Travail.