Quantum

Roulement de tambour! Grande première sur un coin de Pixel, pour la première fois et sûrement la dernière l’image illustre le jeu dont on va parler. Remplissez-vous les yeux, ça ne va pas durer. Vous constaterez que la chose dans le cadre ci-dessus malgré son appartenance manifeste au monde du jeu subit une carence élevée de vidéo. Si je conçois qu’il soit pour vous peu hygiénique de jouer avec des gens autour d’une table, nous allons faire exception à vos petites habitudes. Car aujourd’hui les circonstances qualitatives sont particulières: Quantum, c’est de la pornographie pour amateur de game design. Puisqu’il émerveille mes contacts humains depuis maintenant trois mois, je me devais de venir lui faire quelques caresses sous vos yeux emplis de curiosité.

Pour commencer, ne comptez pas sur moi pour vous expliquer dans le détail son gameplay. En plus d’être fastidieux, ce serait fort peu parlant par écrit. La vidéo est nettement plus douée pour ce genre de discipline. Je me contenterais donc de vous en exposer l’essence et vous laisserait pudiquement la découverte des détails mécaniques. Cela ne signifie pas pour autant que le système est d’une complexité atroce et décourageante, comme ces spécimens si dévoués au réalisme de leurs mécaniques que le calcul mental fini par primer sur la prise de décision. Quantum est épuré. Nu comme un ver, il va droit à l’essentiel: une cascade de décisions tactiques claires et en pleine connaissance de cause. Non sans oublier de glisser au milieu une petite touche de hasard pour maximiser la variété de ses situations.

Quantum affiche un nombre de dés quelque peu obscène. Vous pourriez donc légitimement vous demander si je ne me fous pas un peu de votre tronche en parlant de « petite touche » de hasard. Je vous répondrais donc que déjà si je désire vous voir revenir, j’ai tout intérêt à ne pas trop me « foutre de votre tronche » et que 80% de ces dés ne sont pas vecteurs de hasard. Ces dés, ce sont des vaisseaux. Chaque face de dé correspond à un type de vaisseau fort joliment illustré sur les cartons d’empire des joueurs. Le système est construit de manière à ce que le joueur puisse composer avec tout type de configuration. Un joueur souhaitant prendre des risques pourra user de chance, un cartésien réduire la dose de hasard à une part négligeable et le joueur normal adaptera sa stratégie en fonction du déroulement de la partie.

« C’est bien joli mais faut faire quoi dans ton jeu? » me demandez-vous l’oeil humide. Quantum est un jeu de conquête, cher lecteur. De façon assez classique, chaque joueur représente un empire devant conquérir un nombre donné de planètes avant ses adversaires. Pour cela, il a ses petits vaisseaux-dés permettant l’invasion pour autant que le total des vaisseaux en orbite corresponde au chiffre de la planète.

Chaque empire étant scrupuleusement identique en début de partie, la personnalisation se fait en cours de jeu au moyen de cartes de commandement gagnées à la suite à nos conquêtes. Ces cartes, au nombre de trente et une, sont toutes différentes et permettent d’être tant un brillant tacticien qu’un nomade cruel ou encore un pragmatique juste. Cumulé au plateau modulable et aux vaisseaux-dés, Quantum est d’une variété ahurissante dans ses situations. Chaque nouvelle partie présente des caractéristiques différentes demandant au joueur des trésors d’inventivité.

A l’image de Towerfall la semaine dernière ou Tetris il y a vingt ans, Quantum nous propose un game design d’une élégance rare. Si le néophyte pourra dès sa première partie prendre des décisions jubilatoires et percevoir les premières combinaisons intéressantes, le joueur confirmé pourra lui s’attaquer aux synergies entre cartes et capacités des vaisseaux permettant des combinaisons inimaginables lors des premières parties.

Certes, le critique pénible pourra lui trouver quelques menus défauts comme un système de jeu prenant le pas sur l’ambiance ou la planification à long terme plus difficile à trois ou quatre joueurs, mais ne soyez point pénibles: Jouez-y.

 

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