Furi

« L’élégance est issue d’une forme d’intuition qui peut se retrouver dans tous les domaines. » nous dit Wikipédia. Eh bien dans le domaine du coup d’épée dans les dents, Furi est l’élégance absolue. Une jouissance perpétuelle, avec juste ce qu’il faut, là où il faut.

Avec Furi, The Game Bakers ont réussi un véritable tour de force: ils ont retrouvé le rythme simple et hypnotisant des Beat Them Up des années 2D, tout en lui insufflant la richesse et la précision de l’école Devil May Cry. Le miracle de cet étonnant équilibre n’est pas étranger à ses mécaniques empruntées au Danmaku (Bullet Hell Shooter), un genre connu pour son sens aigu du flow. Comme lui, Furi ne s’embarrasse pas de fioritures, son héros ne court pas après les point d’expérience ou les combos à rallonge pour se donner du charisme. C’est le joueur qui est en charge de le faire briller du bout de ses dix doigts. Comme les shooters japonais, il envoie des cascades de boulettes de couleur dont il s’agira de démêler les motifs pour y trouver son chemin. Un tracé à améliorer vague après vague, défaite après défaite. Par contre, contrairement à son ascendance japonaise, il n’oublie pas de se parer d’une histoire en symbiose avec son gameplay.04_Furi_Burst_Snipe

Pour ce faire, Furi se dote d’un système de santé incroyablement malin. Tant les boss que le héros cumulent plusieurs barres de vies. La consommation totale de l’une signifie la recharge complète de celle de l’adversaire ainsi que pour le héros la régénération d’une barre perdu. Cette mécanique toute simple, en plus de générer la merveilleuse tension propre à un retour des enfers, permet d’apprendre sans casser le rythme narratif. Au lieu de renvoyer à un écran de game over brisant le lien avec le duel à chaque itération, Furi garantit plusieurs essais au joueur avant d’abattre l’ultime sanction. Ainsi le joueur s’acharne jusqu’à la dernière goutte de vie qu’il lui reste, usant du mépris de son adversaire lors de la perte d’une barre de vie comme marche-pied vers la victoire.02_Furi_Demo_Closecombat

Pour tuer, il faut des raisons. Furi nous donne les meilleures: ses antagonistes. Designés par Takashi Okazaki, le papa d’Afro Samurai et mis en musique par la crème de la Synthwave, les méchants se paient tous une gueule mémorable. Chaque intro, chaque mise en scène, réplique et mise à mort est un délice visuel et auditif. Mais ceci ne serait rien sans leur charisme ludique. En symbiose totale avec son support ludique, Furi distille leurs personnalités avant tout via leurs motifs d’attaque. Chacun bénéficie d’un schéma propre à son caractère que l’on distingue sans peine de ses congénères: attaques à distance très denses pour l’un, pluie de coups au corps à corps pour l’autre ou plus original, une fascinante instillation de la patience pour un de mes opposants favoris. Des strates de personnalités que l’on retrouve également au sein des affrontements car chaque barre de vie signifie un nouveau motif d’attaques à apprendre. Ainsi, chaque nouvelle phase de jeu s’ouvre comme l’accès à une nouvelle facette de la personnalité de notre adversaire.Furi_pathtonextguardian

Furi me laisse béat d’admiration. Il arbore une élégance dont peu de jeux peuvent se targuer tant chacun de ses composants magnifie les autres pour donner un ensemble ébouriffant. Il est un miracle d’intuition ludique. Il est de ces jeux rares qui me rappelle pourquoi j’ai créé un coin de Pixel. Il est de ces jeux qui ont tout compris aux Beat Them Up. Il est de ces jeux qui ont tout compris au Shoot Them Up. Il est des ces jeux qui ont tout compris.

Tout simplement.