Vous avez été plusieurs (2) à me faire part de votre inquiétude quant à la pérennité de cette chronique. Face à tant de sollicitations, j’ai retroussé mes manches, sorti mon plus beau clavier et j’ai noirci mon éditeur de texte en me nourrissant de l’énergie virulente de vos supplications. Plus sérieusement, pour ceux qui rejoignent le train en route (ou en l’occurrence plutôt celui qui repart du quai après 5 heures d’avarie technique), la bwate c’est pour moi l’occasion de vous présenter un échantillons de « petits » jeux qui m’ont inspiré, pour une raison ou une autre. Hétéroclites, chelous, malins, peu importe les dénominateurs communs, c’est l’intention de leur ensemble qui m’importe le plus: vous surprendre. Avec la bwate, on ne sait jamais à quoi on va jouer.
Dress to Express Dancing Success
OùKonJoue: itch.io | KiKiafé: @teamlazerbeam
Keske sé: 10 minutes / play for free or pay what you want / PC & MAC / nightlife du shakage de booty supranatomique
Via: freegameplanet
Ma conception de la danse, pratiquée en qualité d’amateur, s’articule autour d’un déclic fatidique. Ce qui le précède consiste essentiellement à taper du pied en rythme et à des hochements de tête maîtrisés. Puis, selon les circonstances alcoolisées du moment et/ou de la capacité des interprètes à faire jaillir de la bonne vibe qui chie, c’est le lâcher prise, le fameux déclic. S’ensuit alors gesticulations, contorsions et surtout beaucoup de sudation. Peu de place pour l’élégance, c’est mon défoulement qui prime.
Ça tombe plutôt bien, car Dress to Express Dancing Success c’est exactement ça. Paré de votre accoutrement à faire rougir d’envie n’importe quel hipster un tant soit peu avant-garde, c’est le cul bien décidé à se déchaîner dans l’enfer de la nightlife que vous vous rendez au club le plus tendance du coin. Votre rêve? Être à la hauteur, mais pas seulement. Il faut se faire une place parmi les habitués, les accoster, cerner leur personnalité et les séduire pour qu’enfin l’un d’eux daigne vous inviter sur le dancefloor. C’est le moment, VOTRE moment! Celui de se déhancher à corps perdu, de renier les contraintes anatomiques les plus élémentaires, pour enfin… resplendir. Mais pour réussir à briller par-dessus les stroboscopes, il faudra redoubler d’un effort. Saurez-vous trouver le déclic?
ooOooOOOo
OùKonJoue: globalgamejam | KiKiafé: Michael Lee et Chris Ng
Keske sé: ~10 minutes / Gratuit / PC / Le jeu qui nous tend la perche pour le casser
Via: alphabetagamer
Derrière ses faux airs de jardin zen minimaliste, ce jeu se révèle complètement masochiste. À son humble manière, il va vous réclamer de le malmener, de le triturer, de le manipuler comme bon vous semble. Plutôt que de le respecter en son état, vous serez régulièrement amenés à laisser en arrière-plan pour résoudre ses énigmes en explorant ses entrailles, voir même jusqu’à les ajuster selon votre bon ou mauvais goût. Pour preuve, j’y ai construit un pont en caca et j’y ai invité la moustache du fameux dictateur allemand.
Certes, le tout s’avère un peu bancal et la consistance des énigmes est branlante, mais pour un jeu de jam, ce dernier peut se targuer d’explorer une intention assez atypique. Il se délaisse en exportant le champ du jeu dans la navigation froide de votre système d’exploitation.
The Evil Warlock Tower
OùKonJoue: itch.io | KiKiafé: Pizzamakesgames
Keske sé: ~10 minutes / Gratuit / BrowserGame / Péons fainéants à la santé fragile
Via: warpdoor
S’il y a bien un genre de jeu dans lequel j’excelle à la médiocrité, c’est celui de la stratégie / gestion de ressources. Anticiper les coûts, prévoir les décisions plusieurs tours à l’avance ou mettre en place des synergies requièrent des capacités de réflexion dont je ne suis pas dotées. Qu’il s’agisse de jeux de plateau ou vidéo, les mêmes schémas dramatiques se répètent immuablement. Mes paysans finissent par mourir d’inanition après de sanguinolentes mutineries, le chaos diplomatique qui embrase mes relations internationales défigurent à jamais la face du monde que je ne saurai conquérir, et une irrépressible envie de m’auto-défenestrer germe aux tréfonds de mes entrailles. Heureusement pour mon estime de joueur, il existe des jeux à la teneur stratégique moins rédhibitoire qui me permettent le temps d’une partie de panser la relation douloureuse que j’entretiens avec le genre. Dans le cas de The Evil Warlock Tower, c’est même grisant.
Le nombre des différentes ressources récoltables s’élève au nombre de quatre, tout comme les options mises à disposition pour les récolter. Assez simple quoi. De temps à autre nos serviteurs dévoués se font arracher une jambe par un ours ou se plaignent d’un manque de sommeil qu’il nous est instantanément possible de soulager. En effet, le jeu fonctionne selon une espèce de temps réel assez frénétique. Si bien que les ordres envoyés aux péons ne tardent pas à se réaliser, permettant ainsi au joueur de bénéficier rapidement des conséquences de ceux-ci. En gros, pas besoin d’attendre une plombe pour recevoir ces 3 misérables morceaux de bois manquants sur les 200 nécessaires à la construction de votre ferme. Si bien que le jeu se transforme rapidement en une espèce de jeu d’action frénétique où le seul but devient d’occuper perpétuellement vos travailleurs pour que ceux-ci ramènent un max de ressources, tout en s’arrangeant pour ne pas les tuer lorsque ceux-ci témoignent des signes de faiblesse.
Même si le jeu n’en est encore qu’au stade de prototype, la perspective d’élaborer un gameplay nerveux, entrecoupé ça et là de prises de décisions stratégiques typiques aux jeux axé sur la récolte de ressources, m’a laissé entrevoir une véritable bonne idée que j’adorai voir travaillée.
I’ve been late
OùKonJoue: himynameischuck | KiKiafé: @_MYNAMEISCHUCK et Zikmu par Derek Daley
Keske sé: 5 minutes / play for free or pay what you want / PC & MAC / une nuit très longue
Via: warpdoor
J’ai toujours éprouvé une certaine répulsion pour le terme « walking simulator » qui sert à qualifier ces jeux que certains ne se sentent pas assez jouer. Je le trouve dégradant. Il réduit l’expérience du jeu à son interaction très limitée, il résonne pour moi comme un truc hipster auto-satisfaisant. Pourtant, bien triste celui qui n’a jamais profité de la quiétude d’une paisible promenade dominicale. I’ve been late justemment, m’a rappelé la plaisante introspection qu’il peut y avoir à flâner dans le sombre d’une nuit. C’est le pouvoir évocateur de sa promenade qui m’a transporté. Comme lorsque les pas s’emboîtent mécaniquement et que l’esprit se perd à penser. Les souvenirs se croisent, s’interrogent. Ce sentiment doux où le temps enfin daigne se ralentir pour contempler ce qui appartient au passé, I’ve been late est parvenu à me le faire resurgir. C’est l’esprit libre qu’on se plaît mieux à divaguer, il faut croire que ça fonctionne aussi dans un jeu vidéo.
Voilà, chocobisous.