ÉPISODE #6: C’est de plus en plus difficile de trouver un titre.

De la poésie, des larmes de haine et de joie, de la chasse et aussi un monsieur qui suce, l’épisode #6 de [La Bwate de Chocos là] ne déroge pas à la règle, c’est un surprenant cocktail hétéroclite qui vous attend.

 

LITTLE OFFICE TROUBLES

OùKonJoue : newgrounds | KiKiafé : Dr Geraud
Keske sé : 5 minutes / Gratuit / Flash / Rollface sur le clavier
Via : warpdoor.com
littleofficetr
Dans le vaste monde des clichés qui ne manquent pas de me faire tiquer lorsque je perds mon temps à regarder la télé, celui du geek n’a pas fini de m’agacer. La plupart du temps il porte des lunettes, il est handicapé socialement, voir carrément marginal. C’est bien connu, passer du temps sur un ordinateur ça rend forcément autiste. Mais au-de-là de ces bêtises qui entourent l’écriture des personnages, c’est un autre détail anodin, inexplicablement récurrent, qui m’exaspère au plus haut point. En effet, passé un certain niveau d’expertise, ces professionnels du monde informatique n’ont plus besoin de souris. Même pour zoomer sur des vidéos de caméra de surveillance à la résolution infinie, quelques tapotages aveugles sur le clavier semblent amplement suffisants. Sérieusement, c’est complètement débile. Je vous mets au défi de passer une journée à bosser sur un ordinateur sans souris, c’est certainement possible, mais qu’est-ce que c’est chiant.

Little Office Troubles m’a fait penser à ça. Vous y incarnez vraisemblablement un super geek qui travaille à la NASA, chargé de défendre le système informatique contre des attaques pirates. Celles-ci ne vont cesser de se multiplier, toujours plus nombreuses, toujours plus rapides. Heureusement, vous êtes un génie de l’informatique multimédia, et il vous suffira de frénétiquement appuyer sur des touches de votre clavier pour repousser les attaques. Attention cependant, car ici pas de touches bien précises à appuyer à la différence d’un QTE traditionnel. Votre clavier est divisé horizontalement en trois zones, correspondant chacune aux trois claviers que votre personnage doit matraquer pour contrer les méchants. Du coup, on se retrouve assez rapidement à faire comme dans les films. On appuie n’importe où et ça marche. C’est très simple, peut-être même un petit peu trop. Si bien que même votre personnage ne manquera pas de snober la gravité de la situation en sirotant de temps à autre son verre de coca. C’est d’ailleurs assez amusant, car je crois bien que c’est cet ultime petit détail qui m’a fait apprécier ce jeu.

 

 

ULTIMATE PÂTÉ

OùKonJoue : itch.io | KiKiafé : Clémént Duquesne + Marine Desmoulin
Keske sé : 10 minutes / Gratuit / Unity / Nature low-res / Chasse Zen
Via : RockPaperShotgun
ultimatepate

L’innocent chérubin blond que nous avons tous été a appris dans l’horreur toute l’innommable cruauté de cette pratique qu’est la chasse. Même si le Roi Lion a vraisemblablement plus marqué l’esprit de ma génération, Bambi et son drame forestier a su distiller dans nos inconscients collectifs que la chasse c’est le mal. Mais aujourd’hui avec Ultime Pâté, l’heure est à la réconciliation. En effet, la traque d’animaux sauvage s’avère bien moins culpabilisante lorsque ceux-ci ne chantent pas.

Au premier abord relativement déroutante (d’autant plus si vous n’en êtes pas familier), la multitude de pixels chatoyants qui composent la paisible forêt d’Ultimate Pâté finit par devenir confortable. C’est coloré, le soleil brille, des feuilles tombent et de mignons champignons parsemés un peu partout tendent à rendre votre ballade rurale presque poétique. Mais ce partie pris a aussi pour conséquence de rendre le jeu plus difficile à lire. S’agit-il d’un fourré ou du cou d’une girafe ? Il faut se rapprocher, écouter les sons qui nous entourent, et avec un peu de patience on finit par abattre sa première bestiole. Il existe différents types de gibier: licorne, mouton noir, girafe, renard ou flamant rose. À vous de choisir selon le type de pâté que vous souhaitez concocter.

Mais massacrer des animaux, ça n’est finalement pas le plus important. Ce qui plaît dans Ultimate Pâté, c’est son cadre paisible. La douce mélodie et les sons d’ambiance qui accompagneront votre promenade sauront sans nul doute vous relaxer. On finit donc par juste se promener, pour de temps à autre essayer de dégommer une bestiole qui traîne. Ce qui prévaut définitivement dans Ultimate Pâté, c’est son honorable propension à nous donner l’impression d’être en harmonie avec la nature. C’est d’autant plus étonnant, compte tenu de son graphisme low-res et de son titre.

 

 

WIZARDWIZARD

OùKonJoue : gamejolt | KiKiafé : CrateBoy
Keske sé : 15 minutes / PC, MAC / Super Meat Boy Like / Le double jump c’est cool
wizardwizard

La pratique vidéo-ludique est un exercice ingrat et potentiellement frustrant. À la différence du tricot par exemple, où à force d’acharnement on finit toujours par gagner, et en plus, on devient forcément de plus en plus doué. Moi par exemple, j’ai bien du joué plus d’une centaine d’heures à Street Fighter IV mais je continue de me faire humilier lorsque je décide de jouer en ligne. Si j’avais investi toutes ces heures de bastonnage virtuel dans le tricotage, je porterai certainement aujourd’hui un magnifique sweater en laine, paré de magnifiques motifs de Pikachu. Tout ça pour dire que WizardWizard est un plateformer certes exigeant, mais que je suis tout de même parvenu à le terminer sans crier ou pleurer.

Ce qui m’a donc plu dans WizardWizard c’est sa difficulté croissante savamment dosée. Les premiers niveaux s’enchaînent sans encombre, jusqu’à arriver à certains tableaux bien plus retors. Mais ceux-ci sont presque toujours suivis par une séquence beaucoup plus facile où vos réflexes et votre anticipation seront moins mis à l’épreuve. Un peu comme quand on se réfugie aux toilettes pour jouer sur son smartphone lors d’un dîner mondain chiant. Des bouffées d’air frais en somme. Mais ça n’est pas le seul intérêt de WizardWizard.

Le jeu est très simple. Au début de chaque tableau vous devez trouver une clé pour ouvrir la sortie. Pour y parvenir, vous devrez éviter des scies et des espèces de tourniquets avec des  marteaux pointus à leurs extrémités. Vous ne disposerez que d’une seule arme: votre double-saut. C’est donc clope au bec et une main sur les touches directionnelles que j’ai arpenté les niveaux de WizardWizard en multipliant les bonds dans le vide. Et je dois avouer que c’est assez bien fait et que chaque niveau amène le joueur à réfléchir comment utiliser au mieux cette capacité. Il faut donc faire preuve d’anticipation et d’un peu de créativité pour savoir à quel moment il vaut mieux avancer rapidement ou simplement temporiser en restant plus longtemps dans les airs. Épuré dans ses mécaniques, bien peaufiné, WizardWizard devient dès lors un peu comme un Super Meat Boy accessible pour le joueur mauvais que je suis. Au diable le tricot.

 

 

SCREENED

OùKonJoue : DirectDansTonBrowser | KiKiafé : Charlotte Gore
Keske sé : 15 minutes / Gratuit / BrowserGame / Platformer qui rend aigri / Vraiment aigri
Via : RockPaperShotgun
screened
Pour Screened, ça va être très simple. C’est le parfait opposé de WizardWizard. Il n’y a aucun plaisir, que de la souffrance. Le petit carré que vous êtes sensé balader sur l’unique niveau du jeu est empreint d’une inertie tout bonnement inqualifiable tant elle m’a irrité. Le moindre obstacle s’apparente à un écueil infranchissable. J’ai pourtant lutté, mais impossible de terminer ce maudit jeu. Non content de nous imposer une difficulté inhumaine, le jeu se paie le luxe d’un sadisme qui va vous achever. En effet, pour progresser dans le jeu, il faut revenir en arrière parce que certains passage se débloquent lorsque les checkpoints sont atteints. En gros, on se réjouit à peine d’avoir réussi à franchir des passages insurmontables, qu’il faut directement y retourner. C’est cruel, frustrant, ça m’a énervé. Le pire, c’est que le jeu a clairement été pensé pour générer ce type de ressenti. Impossible donc le prendre en défaut, car il est réussi.

 

 

RETENTION

OùKonJoue : Steam | KiKiafé : SometimesYou
Keske sé : 15 minutes / 1euro / PC / Des jolies photos / La mort c’est triste
Via : indiegamemag.com
sometimesyou
C’est le pitch de Retention qui a retenu mon attention. Au seuil de la mort, le joueur doit recomposer ses souvenirs, un peu comme si c’était lui qui assemblait son dernier flashback avant de voir la lumière au bout du tunnel. Le dernier moment du bilan, en somme.

L’idée est définitivement intéressante, mais j’irai droit au but : le jeu est mauvais. L’interface est inexistante et on ne comprend pas à quoi correspond cette espèce de vague timeline dans laquelle il faut sélectionner des photographies. C’est d’ailleurs là la seule pseudo-mécanique du jeu : se balader dans une sélection d’images et faire son choix parmi de multiples cryptiques triptyques. Lorsque le joueur a fait son choix, une ligne de texte à caractère vaguement descriptif s’inscrit, nous aidant peut-être à mieux cerner le sujet ou le message de l’image. Une fois le tri des « souvenirs » effectué, le jeu se termine sur un écran incompréhensible sensé dresser le bilan de la vie que nous avons recomposée. Mais c’est complètement foiré. Voilà, c’est tout.

Il y a certes de jolies photos, mais le tout est beaucoup trop maladroit pour qu’on daigne y trouver un semblant d’intérêt. À aucun moment je n’ai eu ne serait qu’un semblant l’impression de parcourir les souvenirs d’une vie. D’une part parce qu’il y a bien trop de chats (c’est sérieux), mais aussi parce que les images ne sont pas assez fortes. Au moment de rendre l’âme, j’espère plutôt me souvenir des moments marquants de mon existence et certainement pas de ce dimanche après-midi dans le parc à jouer au UNO avec mes amis. Finalement, j’ai analysé les images comme des scènes volées de la vie des développeurs (vu l’âge de ceux-ci et ceux de la majorité des protagonistes des pseudo-souvenirs du jeu, ça colle), et là ça m’a un peu amusé. « Ah là ils se sont bourrés la gueule en boîte et c’est là qu’ils se sont dits que ça serait cool de faire un jeu. »

C’est frustrant. Je comprends et loue l’intention de vouloir laisser au joueur la possibilité de s’accaparer la narration avec les images qu’on lui fournit. C’est un peu comme lors d’une visite d’appartement, lorsqu’une fenêtre s’ouvre sur l’intimité d’un parfait inconnu. Selon sa décoration d’intérieure, les photographies accrochées aux murs ou le niveau de propreté des lieux il devient possible de fantasmer une existence, tel un mentaliste néophyte. Mais dans Rétention les éléments mis à disposition du joueur sont bien trop aléatoires pour que la magie opère. Décevant, donc, et ce d’autant plus que le jeu m’a coûté 1 euro, alors que j’aurai pu allouer cet humble montant à d’autres productions beaucoup plus méritantes. Comme quoi, c’est facile de vouloir faire des jeux vidéos arty à tendance expérimentale narrative, mais c’est une autre paire de manches que d’en faire une expérience réussie.

 

 

SUCCULENT

OùKonJoue : itch.io | KiKiafé : Robert Yang
Keske sé : 5 minutes / Gratuit / PC, MAC, Linux / NSFW / Physique des zygomatiques
Via : RockPaperShotgun
DifCHR
Dans l’épisode #3 de la bwate de chocos là je vous parlais déjà d’Hurt Me Plenty, le simulateur de fessée SM. Soncréateur Robert Yang remet ça avec Succulent, un jeu rigolo où il faut sucer une glace. Mais cette fois-ci, l’aspect presque pédagogique de l’initiation aux pratiques sado-masochistes passe à la trappe. Il ne reste que le gag, toute fois pleinement assumé.

Tout est dit dans le gif posté ci-dessus, sur lequel vos yeux se sont certainement déjà arrêtés. Maintenant il ne vous reste plus qu’à télécharger le jeu, attraper votre souris, et sucer goulument cette glace en admirant la grotesque physique des joues. Pour le reste, je ne sais pas quoi rajouter d’intelligent. J’ai juste bien ri.

Voilà, chocobisous.