Dès le moment où j’ai eu connaissance de la sortie de Dr. Langeskov, The Tiger, and The Terribly Cursed Emerald (DLTTTTCE), l’idée d’écrire un article à son sujet ne m’a pas quitté. De son téléchargement jusqu’à son dénouement, je n’ai eu de cesse d’y penser. Je savais intiment que le nouveau rejeton d’un des co-auteurs de Stanley Parable (William Pugh) aurait de quoi stimuler ma plume. L’envie n’a donc pas manqué, le reste oui.
Lorsque je m’attèle à vouloir poser des mots sur une expérience ludique, j’essaie la plupart du temps d’adopter une perspective qui lui fait écho. À l’occasion d’un jeu qui brille par son atmosphère, c’est autour de celle-ci que j’articule ma plume. Dans le cas d’un jeu mécaniquement brillant, c’est l’analyse méthodique de ses rouages qui dicte mes mots. Avec DLTTTTCE, j’ai longuement hésité. Finalement, j’ai décidé de rester intègre et de lui épargner un traitement de faveur.
Parce que ça n’en a pas l’air comme ça, mais écrire un article sur un jeu qu’on aime bien, ce n’est pas si facile. À l’envie de partager ce pourquoi il nous a séduit s’oppose la volonté de demeurer critique en pointant du doigt ses lacunes ou ses limites. L’exercice de retranscrire une expérience subjectivement assumée tout en s’en détachant pour mieux la faire comprendre s’avère parfois périlleux. Mais en plus de cette contrainte paradoxale ne faisant qu’alimenter une certaine propension à ma schizophrénie analytique, il me faut également penser à rajouter entre les lignes des blagues idiotes, des jeux de mots douteux ou des anecdotes personnelles qui laissent entrevoir au lecteur toute la richesse de ma personnalité. On peut parler de jeu vidéo sérieusement, certes, mais chez un coin de pixel on veut aussi rester cools.
En général, j’aime également partir du principe que mon lecteur n’est pas con. Il existe bien d’autres endroits sur la toile qui ont pour partie prie l’opposé. Du coup, j’ai à coeur la plupart du temps de formuler des phrases compliquées, où s’entremêlent pêle-mêle des mots parfois fort peu usités, liés entre eux par une multitude de conjonction de subordination alambiquées qui voient leurs pertinents contenus agrémentés par l’accumulation parfois excessivement excessive de figures de style au bon goût tout à fait discutable. L’idée forte est d’avoir l’air intelligent en construisant des phrases chiantes à lire. Un peu comme un vieux prof qui fume la pipe avec pour décor une jolie bibliothèque pleines de livres que je n’ai jamais lus. Oui, vous l’avez compris, pour rendre le tout plus digeste, mon truc c’est d’insérer abruptement des références visuelles qui font partie d’un inconscient collectif au potentiel évocateur fort.
En théorie, jusqu’ici, le lecteur que vous êtes a plus ou moins tout compris sans forcément être parvenu à cerner l’absolue finalité de la construction de mon discours. C’est là qu’intervient mon passage préféré, à savoir celui de la conclusion. Toutes les pièces de l’analyse précédemment évoquées s’imbriquent, délivrant ainsi la véritable teneur de mon propos. En l’occurrence, pour DLTTTTCE j’ai l’impression de m’en être pas trop mal sorti. J’ai fait un peu tout comme lui: court, décalé, gratuit et surtout, meta. La petite vingtaine de joyeuses minutes qu’il a à vous offrir parviendront sans nul doute à vous faire décrocher quelques sourires. Vous auriez tort de vous en priver.