The Legend of Zelda: Tri Force Heroes

Est-ce que Watch Dog, Far Cry et Assassin’s Creed sont des jeux vraiment différents? Si vous voulez mon humble avis: non. J’en ai pour preuve le petit goût de vomi qui nous saisi tous quand on escalade notre 2000ème batiment/tour/église pour dévoiler les missions de la région ou que l’on livre notre 5000ème colis à quelqu’un dont on se fout royalement. Les premiers, c’était chouette, mais ensuite c’est comme s’envoyer une boîte de chocolats après un pot de sucre: écoeurant. Nintendo l’a bien compris et The Legend of Zelda: Tri Force Heroes en est un parfait exemple.

Quand on connait une licence, on a forcément des attentes. Dans le cas de Zelda, c’est un monde ouvert, de l’exploration, des donjons et un scénario épique. Le premier contact avec Tri Force Heroes va donc violer vos attentes dans les règles de l’art. Tout d’abord, vous n’aurez droit qu’à un seul village. Pas de carte, pas de monde à explorer: ce sera un château et au lit. Vous n’explorerez pas non plus de grands donjons mais une succession de pièces linéaires avec des puzzles. Et fin du fin, notre cher petit lutin vert qui a su jusqu’ici sagement se tenir éloigné des futiles points d’expérience et des épées +1 se voit prostitué à la grande moulinette du ridicule avec des donjons distribuant des récompenses aléatoires. Vous allez donc parcourir à plusieurs reprises les mêmes niveaux pour obtenir des ingrédients, car les éléments trouvés dans les coffres vous permettront de tricoter des tenues apportant divers bonus. Le but final étant de tricoter une robe ultime qui libérera la princesse du royaume d’un sortilège la condamnant à porter une tenue de plongée.triforceheroes_2

C’est seulement dans un deuxième temps, une fois vos attentes inertes sur le carrelage de la cuisine, que ces horreurs prendront enfin sens. Votre erreur vous apparaîtra dans toute sa maladresse: vous avez oublié que ce Zelda empile les Links. Symboliquement tout d’abord car le jeu réunit jusqu’à 3 joueurs dans la même pièce ou sur Internet avec un système d’emote très bien fait pour communiquer. Littéralement ensuite parce que les joueurs peuvent se porter les uns les autres jusqu’à former un totem à trois étages. Deux systèmes qui ont forcé Nintendo à changer en profondeur la structure de leur série culte. Nous pouvons alors aborder la question des récompenses aléatoires sous un angle nouveau puisqu’il s’avère en réalité que cette mécanique prend ici un tout autre sens. Premièrement parce que son aspect hasardeux est réduit au minimum avec très peu d’éléments différents possibles et de nombreux moyens de les obtenir de façon moins aléatoire.3x3ds

Deuxièmement parce qu’il force les joueurs à tirer le maximum des niveaux qui leur sont proposés. Car malgré l’aspect linéaire que revêt la structure des donjons, leur level design est un bijou d’agencement. Chaque salle fait appel à de nouvelles combinaisons entre les joueurs, que ce soit en jouant du système de totems ou en demandant des actions coordonnées. Ces dernières sont particulièrement importantes car les niveaux proposent le plus souvent un assortiment d’armes différentes. Le rôle du joueur sera donc bien différent selon qu’il soit muni d’un arc, d’un grappin ou d’un bâton d’eau. Si on ajoute à cela les bonus engendrés par les tenues spéciales et les passages où les membres du groupe sont séparés, on comprend mieux le choix de Nintendo d’intégrer un élément forçant les joueurs à rejouer plusieurs fois les niveaux. D’autant que peu avare en bonnes idées, la firme japonaise a doté ses donjons de modes défis fixant de nouveaux objectifs, révélant le level design sous un tout nouveau jour. On pourra entre autres se partager le transport d’une orbe, crever des ballons placés dans des endroits exotiques, lutter contre une nouvelle disposition des ennemis ou encore atteindre la sortie en un temps limité.

On connaît tous des idiots qui crient à tue tête que Nintendo fait sans arrêt les même jeux mais se délectent chaque année de toute la panoplie Ubi Soft. Il serait peut-être temps de leur expliquer que changer le nom sur la boîte et la tête des personnages, n’implique pas pour autant un changement dans les mécaniques de jeu. Avec Tri Force Heroes, Nintendo prouve à nouveau que le jeu vidéo est avant tout affaire de jeu. Et rien ne pourrait me faire plus plaisir.