SteamWorld Heist

Je n’aime pas les Tacticals. Ce n’était pas franchement un secret mais là au moins c’est dit. Ce n’est pas une haine du premier abord mais plutôt du deuxième. En apparence, c’est un genre à mon goût. Promener des bonhommes au tour par tour et prendre des décisions difficiles ressemble même plutôt à l’un de mes Eldorados ludique. Mais voilà, la majorité des Tacticals sont tout cassés. La faute au hasard et à l’XP comme d’habitude.

SteamWorld Heist est un surdoué. A l’inverse de son petit camarade Fire Emblem, il a lui parfaitement compris comment user de ces deux composants sans en abuser. Le petit Fire Emblem, vous l’avez sûrement déjà vu jouer. C’est le petit Japonais avec la belle gueule et ses histoires épiques. Malheureusement, déjà à son âge on dirait un vieil alcoolique pas foutu de tenir son gameplay à l’endroit. Il a mis tout plein de hasard dans la résolution de ses attaques, pas une goutte dans ses maps et il se trimballe un système d’XP atroce qui au lieu d’offrir de nouvelles possibilités lui fait dégueuler sa difficulté à tout bout de champ. Rien de ça avec SteamWorld Heist. Du haut de ses 15 CHF, il règne sur le bac à sable sans prétention. Alors oui, il n’est pas aussi clinquant que le jeune Fire Emblem: il est tout de 2D vêtu et sa 3D se résume au minimum syndical mais ce qu’il perd sur le physique, il le rattrape sur son gameplay.

SteamWorld-Heist-1

Tout d’abord, il fait un usage très créatif du hasard. Au lieu de jeter des dés pour définir le résultat d’un tir, il laisse le soin au joueur d’ajuster la visée. Une idée qui aurait pu fort mal tourner si le joueur pouvait faire mouche à chaque tour. Ce qui n’est évidemment pas le cas car SteamWolrd Heist pose de multiples contraintes. La première et la plus évidente est la disposition des décors. Certaines surfaces sont solides, d’autres non: il faut donc se placer en conséquence. Deuxièmement, la visée n’est jamais totalement fixe: elle oscille toujours légèrement. Troisièmement, la moitié des armes ne sont pas équipées d’un système de visée, laissant le joueur jauger lui-même de la trajectoire. Quatrièmement, la majorité des projectiles rebondissent sur les murs, permettant d’inventifs skill shots et de tragiques automutilations. Cinquièmement, les tirs à la tête augmentent les chances de coup critique. Et pour finir, l’écran ne couvre qu’une partie du champ de bataille, forçant le joueur à tenter des tirs difficiles hors « cadre ». Avec une toute petite idée en apparence, SteamWorld Heist remplace donc un système entièrement basé sur le hasard (le joueur impuissant quant à la réussite ou l’échec basé sur une probabilité) par une avalanche de prise de décisions. Une idée brillante soutenue par une génération aléatoire des cartes, permettant un renouvellement agréable des missions.

Pour ce qui est de sa gestion de l’expérience, le bilan est là encore appréciable. Là où le Tactical standard gratifie chaque passage de niveau par des augmentations de statistiques qui rendent toute tentative d’équilibrage de la difficulté fantaisiste, SteamWorld Heist dote ses personnages de nouvelles capacités tactiques. La capitaine de l’équipe Piper se verra ainsi doté au niveau 2 d’« inspire » qui donnera un bonus de dégâts à ceux qui l’entourent, au level 3 le cooldown de son attaque spéciale sera réduit, au level 4 elle disposera d’un sort de soin et ainsi de suite. En plus de minimiser les cassures dans la courbe de difficulté, cette méthode évite de rendre les nouvelles recrues inutilisables à cause d’un niveau d’attaque ou de défense trop faible. J’ai ainsi panaché mon équipe selon la capacité de ses membre à résoudre les défis qui m’étaient imposés plutôt que selon leur puissance d’attaque ou de défense. Bien sûr, on dénote encore quelques facilités dans l’arbre de compétences de certains personnage où nous attendent quelques +1 de vie ou de déplacement. Mais il serait bien sévère de bouder SteamWorld Heist pour cela alors que l’on peine à distinguer les nouvelles capacités de son camarades Fire Emblem au milieu de sa bave ininterrompue d’augmentations de statistiques.

Comme tous les bacs à sable, celui du Tactical est peuplé de toutes sortes de petits. Chacun verra midi à sa porte, qu’il préfère les jolis garçons baveux ou les surdoués en 2D. Il n’en reste pas moins que si vous êtes une maman un peu perdue, on ne peut que vous recommander de vous en aller avec le deuxième: il brillera moins au bal de l’école mais il vous rendra beaucoup plus fière au final.