La Boîte à Pommes #2

Dès la deuxième Boîte à Pomme on nique le système: cette semaine vous ne trouverez que des jeux que l’on ne vous conseil pas. Alors oui, nous nous sommes aussi demandé quel est l’intérêt de vous parler de jeux ratés dans ce qui est censé être une boîte à conseils. Après une intense réflexion je peux vous rassurer: pour vous ça n’en a aucun. Par contre, pour nous cela est source d’une joie intense. On vous remercie donc gracieusement de votre contribution à notre bonheur.

 

 

Tap Titans

Développeur : Game Hive Corp.
Genre : Idle RPG
Prix : Gratuit

Tap Titans est un Idle RPG. Traduction littérale personnelle: le RPG où l’on ne branle rien. Déjà que très souvent dans les RPG c’est le royaume de la tristesse d’un point de vue mécaniques de jeu, alors là si on en a qui se réclament carrément d’une branche « rien à branler », c’est le ponpon.

Dans Tap Titans, il vous suffit, comme son nom l’indique, de tapoter votre écran pour tuer des monstres. Ces derniers lâchent des sous qui vous permettent d’évoluer votre personnage pour faire plus de dégâts. Ce qui vous permet de taper des monstres plus gros qui lâchent plus de sous pour   taper encore plus fort et de gagner encore plus de sous… Et lorsque vous en avez marre de tapoter, vous pouvez même engager des personnages IA qui font des dégâts pour vous. Curieusement, si cela insulte ma conception du jeu vidéo, je dois avouer que regarder les chiffres de dégâts croître au fil du temps génère une certaine satisfaction. Une sensation agréable qui s’apparente à celle que l’on a lorsque l’on réalise quelque chose, mais sans rien faire. Tap Titans, c’est l’équivalent de la roue dans la cage d’un hamster: on est persuadé d’aller quelque part mais une fois sortis du manège, il ne nous reste que du temps perdu et la vilaine impression que quelqu’un, quelque part, se moque de nous.

 

 

Sonic Runners

Développeur : SEGA
Genre : Runner & Dragons
Prix : Gratuit

Sonic Runners, c’est un peu l’histoire d’une évidence. En 1991 avec le premier Sonic, SEGA pose les bases du runner avec un personnage dont la maniabilité n’est optimum que lorsqu’il court et dont le seul bouton d’action est dédié au saut. Dix-huit ans après, Canabalt crée un genre sur ces bases pendant que SEGA est occupé à faire des Sonic 4 moisis et à copier Doodle Jump. Six ans et des milliers de runners plus tard, la société japonaise qui fut plus fort que toi percute finalement et nous propose Sonic Runners. Comme dit le proverbe: mieux vaut tard que jamais.

Maintenant, quand on voit la gueule des derniers Sonic on est en droit de se demander si le jeu est à la hauteur de la légende. Je vais couper direct la chique du fanboy qui sommeil en vous: il ne l’est pas. Mais ce n’est pas une catastrophe pour autant. Contrairement à l’infâme Sonic Lost Worlds où le hérisson tapine déguisé en plombier moustachu, ici son gameplay est respecté à la lettre. Selon la philosophie d’origine, le joueur est récompensé lorsqu’il connait l’agencement des niveaux et parvient à tenir la trajectoire la plus difficile. Le problème provient plus de l’emballage que du contenu.

Jeu japonais post Puzzle & Dragons oblige, Sonic Runners est un énième jeu cloné sur le metagame de ce dernier. Malheureusement comme les autres il oublie que le succès de Puzzle & Dragons est avant tout dû à sa générosité. En bon chacal moderne, SEGA s’enthousiasme un peu trop sur les achat intégré et ruine tout l’intérêt du scoring avec une galerie de boosters déséquilibrant totalement les résultats. Un constat d’autant plus regrettable que le système de progression Puzzle & Dragons avec ses familiers à tirer au sort et à faire progresser perd tout intérêt une fois posé sur une mécanique de jeu basée sur le temps. Sonic Runners donne l’impression d’un vieux téléphone auquel on aurait scotché un appareil photo moderne pour suivre absolument la mode des selfies.

Pourtant, d’un point de vue du jeu en lui-même, on prend vraiment plaisir à y jouer tant les sensations sont bonnes et l’aspect visuel soigné. Finalement, il est vraiment regrettable que l’inspiration de ce Sonic aie été Puzzle & Dragons plutôt que Rayman Jungle Run: on aurait peut-être tenu là un successeur au grand Sonic Génération. En attendant ce beau jour, si vous voulez du hérisson bleu dans votre portable, n’hésitez pas à dépenser plutôt quelques sous dans les fantastiques remakes de Sonic 1, 2 et CD: vous soutiendrez l’effort de guerre pour que SEGA autorise le même traitement sur Sonic 3 & Knuckles.

 

 

Hero Emblems

Développeur : Chun Lung Kuo
Genre : RPG / Match 3
Prix : 4 CHF

Dans les milieux autorisés, depuis quelque temps ça parle beaucoup de Hero Emblem, un Match 3 RPG tout mignon. Il cumule en effet un nombre de qualités non négligeable. Il se permet tout d’abord d’être très beau (ne faites pas comme moi: ne vous fiez pas à son icône qui lui donne une tête de RPG coréen pas frais: quand ça bouge c’est tout à fait joli). La mise en scène est particulièrement réussie avec une charmante continuité entre les donjons/villages et la carte. Ceci ajouté au fait qu’il se permet de  « stratégiser »  légèrement le match 3 en requérant du joueur des assemblages méthodiques pour lancer les bonnes attaques au bon moment, Hero Emblem est indéniablement un bon choix de l’appstore.

Seulement voilà, je ne peux m’empêcher d’avoir un petit goût de moisi sur le bout de la langue. Primo, les combats, s’ils sont moins idiots que le premier match 3 venu, restent très en deçà de Puzzle & Dragons (encore lui) et secondo, excusez ma vulgarité, mais c’est un putain de RPG. Hero Emblem est une fucking foire au leveling et au gros billisme. Les upgrades des personnages sont si puissantes qu’elles en deviennent la clé de la progression.

Messieurs les développeurs, quel est l’intérêt pour le joueur de se plonger dans la stratégie de votre système de combat si votre jeu récompense bien mieux le leveling deux neurones que le beau jeu? Lorsque vous aurez répondu à cette question, peut-être que je conseillerais à nos lecteurs d’acheter votre joli RPG. En attendant, ils peuvent retourner jouer à Puzzle & Dragons, c’est beaucoup plus sain pour leur esprit.