AUX B

Quand il s’agit de jeux suisses, chez un coin de Pixel on a un atout que la terre entière nous envie: David Javet, l’encyclopédie vivante de la scène suisse. Il surgit de temps à autre de son Bureau Secret des Jeux Nationaux pour nous lancer un enthousiaste: « Tu connais ce jeu? Il est vachement bien ». Et ma foi il lui arrive souvent d’avoir raison. C’est donc à nouveau grâce à lui qu’aujourd’hui on vous parle du dernier jeu de Christian Schnellmann.

Nous avions déjà critiqué l’oeuvre de Schnellmann à l’occasion de la sortie de Kind of Soccer, un fantastique jeu de foot où il fallait taper l’arbitre. Eh bien il semblerait que le talent c’est comme le vin: ça se bonifie avec le temps. Avec AUX B, il nous sert à nouveau un jeu terriblement malin et ceci pour deux raisons principales: son format et son gameplay.

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AUX B est un jeu promotionnel. Il a été produit à l’occasion des 10 ans du B-Sides Music Festival de Lucerne. Au lieu de traiter l’affaire par-dessus la jambe comme il est usuel dans ce genre de cas, Schnellmann a fait un jeu tout petit mais d’une élégance rare. Contrairement à plein de ses collègues suisses qui partent conquérir le monde avec des concepts free to play bancals, AUX B est un véritable cadeau au joueur. Le jeu ne coûte pas un sou. Seul un lien dans les options permet de faire un don au festival si le coeur nous en dit. Les bénéfices ne sont certes pas immédiats mais cette méthode contribue à fixer dans l’inconscient collectif Monsieur Schnellman comme un créateur sincère, ne cherchant pas à nous faire les poches au détour de chaque mécanique de jeu.auxb_capture

Etre sincère, c’est bien mais être bon c’est mieux. Certes. L’idée de AUX B est de baser son gameplay sur la prolifération de câbles nécessaires à la tenue d’un festival de musique. Quiconque a eu affaire une fois dans sa vie à une table de mixage comprend très vite que mettre le bon connecteur au bon endroit tient souvent du casse-tête. Et cela tombe bien, puisque c’est exactement ce que vous allez faire au cours des 80 niveaux de AUX B. Au début, les choses sont très simples avec seulement un ou deux styles de connecteurs tous présents sur l’écran, mais tout se complique au fur et à mesure que les connecteurs se multiplient et que l’écran se déroule, rendant certaines connexions impossibles. Pour ne rien gâcher, la courbe de difficulté est très bien pensée avec des paliers laissant régulièrement place à des phases flattant notre ego. On se laisse guider ainsi avec plaisir jusqu’à une fin de jeu proposant, pour les plus gourmands, un inépuisable générateur de niveaux aléatoires.

Avec son gameplay malin au diapason avec son thème, AUX B est l’exemple même de ce que produit de mieux la scène suisse à l’heure actuelle: un jeu reposant sur des bases financières modestes mais doté d’un game design irréprochable propre à en remontrer à la production internationale.