Il faut bien l’avouer, de prime abord Steredenn pue l’opportunisme mercantile à plein nez. Ou comment des développeurs en mal d’inspiration ont rempli le carnet de charge du parfait petit jeu indé à succès pour se garantir une place de choix dans les médias. Rien de plus facile, en ce moment, cela tient en 2 points: Premièrement, se doter d’une jolie direction artistique, si possible en pixel art. Puis, reprendre un genre pour le transformer en Rogue-Like. Félicitations ! Vous avez maintenant tous les outils pour devenir un créateur de jeu vidéo respecté de ses pairs, comme les petits malins de chez Pixelnest Studio qui ont tout compris avec leur Shoot ’em up procédural en pixel art. Il y a donc là toutes les raisons pour pester contre ce type d’abomination qui pollue l’éco-système vidéoludique. Mais voilà le problème, j’aime les Shoot ’em up, le procédural et le pixel art. Surtout, Steredenn c’est bien. Très bien.
Reprenons. Nous avons ici affaire à un Shmup en scrolling horizontal, qui a la particularité de changer ses vagues d’ennemis à chaque partie. « Hérésie », crieront les fanatiques de ce genre si codifié. Oui, car la saveur de ces jeux à la difficulté souvent extrême a toujours résidé dans l’apprentissage des patterns adverses, pour savoir où tirer, à quel moment et de quelle position. Malheureusement, si vous êtes aussi doué que moi, vous avez sûrement eu du mal à passer ne serait-ce que le deuxième niveau d’un Ikaruga. Autant dire que si la répétition dans le jeu vidéo est une de mes mécaniques favorites, là on se rapproche très vite d’un séance SM des familles. C’est ainsi donc que vivait cette niche, enfouie dans une tour d’argent inaccessible au commun des mortels, jusqu’à ce que Steredenn vienne tout faire s’écrouler à coups de rayons de la mort. Pixelnest a repris de zéro la formule en prenant soin de s’occuper de tous les éléments qui sentaient bon le chloroforme. Au lieu de choisir entre 3 vaisseaux ayant des trajectoires de tirs différentes en début de partie, se résumant traditionnellement à choisir entre la bonasse à gros seins blonde, rousse ou noiraude, le jeu nous laisse la possibilité de porter 2 armes simultanément, celles-ci dropant aléatoirement au cours des niveaux. Marre de mourir instantanément pour une touchette au pixel près sur une boule d’énergie ? Vous disposez maintenant d’une barre de vie qui se rechargera entièrement lorsque vous aurez battu un boss. Un moyen intelligent de ne pas punir une inattention dans les première minutes durant lesquelles on a tendance à baisser notre garde, déjà concentré sur la suite.
Forcément, pour nos amis fanatiques des boules bigarrées, une critique facile vient en tête: « Steredenn, c le Shmup pour lé noob ». Non. Vous allez vous en ramasser plein la gueule. Néanmoins, vous allez en redemander. Car toutes ces nouvelles mécaniques ne sont pas là pour vous simplifier la vie, mais pour diversifier vos parties, les rendant bien plus agréables. Comme dans The Binding of Isaac, le drop aléatoire des armes influence grandement vos chances de succès, mais il pousse également à la découverte et à l’expérimentation, tandis que les changements de (sublimes) tableaux de fond auront le chic de varier l’ambiance et l’esthétique. Autre spécificité, à leur mort les boss lâchent des améliorations qui vous laisseront personnaliser votre style, que vous préfériez jouer avec les armes à rayons, lourdes ou à particules, avec les bots ou même tout simplement la jouer scoring avec un multiplicateur de points. Tout cela afin d’affiner encore les possibilités de gameplay. Pour autant, on n’y renie pas non plus l’ADN Shoot ’em up. En effet, lesdits boss restant les mêmes à chaque fois: il faudra donc apprendre les 4-5 patterns différents dont ils disposent et usent à leur guise. Une façon de récompenser la persévérance du joueur à qui on donne une chance de ne pas se faire occire par un ennemi inconnu après 30 minutes d’effort intense.
Rajouter à cela une soundtrack métal qui dynamise le tout, la possibilité de vous entraîner individuellement contre tout ennemi majeur et la traduction complète en breton (sic), et vous comprendrez pourquoi en ce moment je rêve de petites boules roses et bleues me fonçant inexorablement dessus.