Épisode #13: Viens jouer et manger ton clavier

Pour la première édition de cette nouvelle année 2016, l’envie m’a pris de faire plus concis. Ainsi, plutôt que de tergiverser sur un nombre plus conséquent de jeux, je me suis limité à 4 titres ayant retenu mon attention. Oui quatre, comme le nombre de doigts d’une main, comme la quantité de merveilles dans le monde et surtout comme les nains de Blanche-Neige. En résumé, un nombre à la symbolique évidente qui n’a pas été choisi au hasard.

All the king’s men

OùKonJoue: itch.io | KiKiafé: Kyle Pulver
Keske sé: ~7 minutes / Gratuit / PC / La pire escorte de ta vie
Via: freegameplanet
all_the_kings_menLe pouvoir rend les gens assistés. En gros, la quantité d’esclaves dédiée à soulager le quotidien d’un décisionnaire se mesure à la portée de son pouvoir décisionnel. Conduire soi-même sa voiture lorsqu’on est à la charge d’une nation, ça ne fait pas sérieux. Du coup, quand un roi au régime contesté décide d’aller prendre un petit bol d’air frais pénard dans la forêt, c’est à son escouade de gardes qu’il incombe de sacrifier sa vie pour assurer la régénérescence pulmonaire de sa majesté. En l’occurrence: moi.

La tâche s’est avérée ardue. En effet, la pléthore d’ennemis fourrés dans les buissons jouit d’un riche éventail d’armement  : bombes, arc, kamikaze, etc. Heureusement, les moyens mis à ma disposition afin de déjouer ces attentats se traduisent ludiquement au travers d’une mécanique fort sympathique. En appuyant sur certaines touches du clavier, j’ai pu prendre le contrôle de gardes serviles dormant au bord de la route. Dès lors, ils se sont unanimement pliés à ma volonté, tel un seul homme. Ainsi aux commandes de ce troupeau de soldat aux déplacements mus par une discipline militaire, j’ai tenté tant bien que mal d’éviter à mon roi de subir les remontrances explosives de ses dissidents. En vrai, cela se traduit par un joyeux bordel. Les ennemis apparaissent un peu n’importe quand, sans prévenir. Certains d’entre eux foncent dans tous les sens, d’autres se ruent directement sur le monarque, leurs comportements ne se révélant au final que difficilement prévisibles. Un constat similaire s’applique aux déplacements et à l’agencement spatial de nos serviles laquais.

En fait, All the king’s men c’est un peu l’essence même de la mission d’escorte mal branlée récurrente à de nombreux productions vidéo-ludiques. Un pnj complètement idiot pour lequel il faut jouer des pieds et des mains afin d’assurer la survie à l’aide de moyens peu adaptés. Heureusement ici, le concept est tellement poussé qu’il en devient grotesquement drôle.

 

Outline

OùKonJoue: itch.io | KiKiafé: Daniel Linssen
Keske sé: ~1 heure / $3 / PC / Le plateformer qui s’efface face à ton skill de guedin
Outline

Prétendument aux commandes d’une gomme à effacer, cette expérience bichromique jouit de toutes les qualités qu’un bon plateformer se doit de cumuler. Les commandes répondent au poil, le level design est varié, la narration s’y incruste naturellement et les niveaux s’enchaînent selon une courbe de difficulté tout à fait accessible. Là où je peine à le comprendre et à l’estimer, c’est par rapport à son concept de base. En effet, les déplacements ont pour particularité d’effacer le visuel du niveau en cours, et de révéler quelque chose d’autre derrière que j’ai peiné à discerner. Je ne suis pas parvenu à distinguer s’il s’agissait du niveau suivant ou du précédent. À vrai dire, je crois qu’on s’en fout.

La conséquence directe de cette mécanique résulte en une lisibilité qui s’amoindrit drastiquement au fur et à mesure des déplacements. Ainsi, il m’est arrivé de devoir recommencer manuellement le niveau lorsque celui-ci avait presque disparu à cause de mes tentatives maladroites. Lors de quelques tableaux plutôt bien ficelés, l’idée démontre tout son intérêt. En effet, pour parvenir à le terminer, il faudra mémoriser l’emplacement de plateformes clés qui auront été effacées par un passage préalable.

Malheureusement, le jeu ne profite pas généreusement de l’exploitation de ce concept. J’ai plutôt eu l’impression d’y voir un gimmick visuel greffé sur un coeur de plateformer tout à fait respectable et bien huilé. Cela n’en fait pas un mauvais jeu, bien au contraire. Outline reste un challenge très intéressant à relever, capable de faire sourire et d’étonner. Mais l’idée qui le caractérise ne démontrera que rarement l’ingéniosité qu’on aurait, au premier abord, pu lui prêter.

 

Spider: Downloaded

OùKonJoue: newgrounds | KiKiafé: Ray James Pencil
Keske sé: ~1 heure / $3 / PC / Remarquable manière de s’envoyer en l’air
Spider-Downloaded
Les plateformer qui s’articulent autour de la mécanique du grappin sont nombreux. Mais une infime quantité d’entre eux parviennent à retranscrire cette grisante sensation de flottement et d’inertie héroïques. Avouons-le, on a tous rêvé un jour de pouvoir valdinguer de gratte-ciel en gratte-ciel tel le fameux super-héros araignée tout de collants moulants vêtu. Aussi étonnant qu’il y paraît, Spider: Downloaded réussit cet incroyable tour de force.

Grâce à son inertie réglée au poil, son level design continuellement et ingénieusement renouvelé, l’expérience offerte vous promet de grands moments éblouissants. Tout d’abord grâce à son apparente difficulté qui n’a en réalité rien d’insurmontable. La preuve ultime: je suis parvenu à en venir à bout. Pourtant les obstacles qu’il vous faudra éviter sont multiples et ne cessent de s’imbriquer les uns dans les autres avec brio. Certains plateformes vous transportent de bout en bout du niveau tandis que vous tournoyez en leur centre pour éviter les bombes qui s’y juxtaposent, tandis qu’une pléthore de rayons lasers se braquent sur votre avatar chahuté dans tous les sens. Rapidement, on s’étonne à réussir du premier coup des passages alambiqués. C’est qu’il est déjà trop tard, l’ivresse aérienne de l’araignée et de son fil élastique vous a déjà piqué.

Servi par une difficulté progressive majestueusement bien dosée, je me suis senti transcendé par l’envie d’aller toujours plus vite, plus loin. Les niveaux s’enchaînent à un rythme frénétique, tout en laissant de temps à autre la place à des niveaux plus légers, le temps de pouvoir respirer. Comme si cela ne suffisait pas, le jeu s’entrecoupe de combats de boss bien pensés. L’expérience est riche, haletante, tous les éléments savamment pensés pour mettre le joueur en état de flow. Spider: Downloaded est une perle dont vous auriez tort de vous priver.

 

Slash Quest

OùKonJoue: itch.io | KiKiafé: Big Green Pillow /mgaia studio
Keske sé: 10minutes / gratuit / PC et MAC / Boucherie de trucs mignons
slash quest

Slash Quest s’est hissé au sommet du classement de la Ludum Dare 34, dans la catégorie overall. En combinant astucieusement les deux thématiques qui étaient «  2 buttons  » et «  grow  », ce petit truc tout mignon se pare d’un gameplay original dont on comprend immédiatement l’intérêt. L’objectif du jeu est de trancher une multitude de mini bestioles toutes mimies afin de faire grandir son épée. Plus cette dernière devient imposante, plus il devient aisé de découper les myriades d’ennemis mignons qui se jettent sur notre avatar. Le contre-coup de ce gain en puissance se ressent dans la maniabilité devenant de plus en plus problématique au fur et à mesure que la taille de votre engin s’allonge. Ainsi, le joueur est amené à définir son équilibre entre un imposant potentiel de décapitation et l’aisance qu’il souhaite s’accorder dans les déplacements. En plus de ce système ingénieux, Slash Quest bénéficie d’une direction artistique toute choupie qui rend vos génocides d’autant plus agréables.

 

Voilà, des chocobisous.