ÉPISODE #10: Hors-série estival de la mort qui tue.

Pour ce dixième épisode, j’ai vu les choses en grand, quantitativement parlant. Ce n’est donc pas 4 ou 5 jeux à découvrir, mais bel et bien 11. Vu la chaleur ambiante, je suis à peu prêt certain qu’il s’agira de la seule boîte de succulentes gâteries que vous serez à même d’embarquer sur votre transat sans que celle-ci ne se transforme instantanément en une informe flaque tiède qui colle sur les doigts.

INK

OùKonJoue: itch.io | KiKiafé: Zack Bell
Keske sé: ~45 minutes / 1.00$ / PC / Plateformer qui rend fou.
ink

L’esthétique liquoreuse dans laquelle baigne Ink est évocatrice d’un bukkake de Power Rangers. C’est un peu comme si le personnage viandeux de Super Meat Boy s’était transformé en pieuvre arc-en-ciel éprise d’une violente diarrhée. Loin d’être réduites à un pur artifice pyrotechnique, les sécrétions chamarrées de votre personnage trouveront toute leur utilité lorsqu’elles viendront dégouliner sur les parois invisibles qui composent les multiples niveaux du jeu. En gros, pour vous y retrouver, il va falloir asperger vos flux tout le long de la pléthore de niveaux qui n’attendent que progressivement de vous rendre fou. En effet, en bon plateformer exigeant, Ink requiéra d’abord de vous familiariser avec ses contrôles avant de vous casser les dents sur le sadisme de son level design léché.

 

 

PAPERKNIFE

OùKonJoue: itch.io | KiKiafé: paperknifegame
Keske sé: 10 minutes / Prototype Gratuit / MAC et PC / Drama sur un canapé.
Via: KillscreenDaily
BDCL#10_Paperknife
S’il est bien une arme dont l’incommensurable puissance n’a eu de cesse de me fasciner tout au long de ma carrière de joueur, c’est à coup sûr le couteau. Il suffit d’un geste bien aiguisé derrière les omoplates de n’importe quel adversaire trop zélé pour mettre les points de vie de ce dernier à zéro, là où des tirs de lance-roquette daigneraient à peine l’amocher. Dans Paperknife, le décisif de cette arme garde tout son tranchant, même si déportée en des contrées moins militarisées.
En effet, c’est sous les traits d’une psychothérapeute que vous aurez à manier de la lame. Alors non, il ne s’agit pas d’une simulation de trépanation moyenâgeuse, mais bel et bien de séances de psychothérapie contemporaine comme tout respectable professionnel du milieu se doit de la mener. Il vous faudra faire le choix entre plusieurs questions, selon l’estimation que vous effectuerez de leur impact sur votre patient, ou victime, c’est selon votre alignement. Quoiqu’il en soit, à chaque choix que vous effectuerez, vous observerez votre avatar déchirer la paroi du dialogue correspondant, comme si votre esprit pervers de psychothérapeute pénétrait sournoisement dans l’inconscient de son interlocuteur. Selon la pertinence de vos questions, le décor évolue, reflétant l’état de votre patient. Il se peut que celui-ci perde confiance en vous si vous multipliez les approches inappropriées.

Dans certains jeux, les options de dialogue à choix peuvent souvent sonner maladroits, voir faux. Dans Paperknife, l’écriture intelligente et le maniement décisif du couteau leur donnent une légitimité très étonnante. Je me réjouis de voir ce truc une fois terminé.

 

 

GHOSTRING

OùKonJoue: DansTonBrowser | KiKiafé: Flex Roman | Lucie Viatgé | Tom Victor | NAWKSH
Keske sé: ~10 minutes / Gratuit / Unity dans ton browser / Micromania sadique.
Via: ForestAmbassador
BDCL#10_Ghostring
Rien de tel qu’un bon jeu multiplayer pour tester vos amitiés. Le goût de la victoire entraîne chez certains la révélation horrifiante de tout un pan abominable de leur personnalité, un peu comme quand votre grand-père décède et que la répartition de son héritage ruine vos relations familiales. Réjouissez-vous, car Ghostring possède en lui ce sournois potentiel. La faute à ses graphismes tout mignons, tout ronds et à son gameplay apparemment simpliste basé sur l’appui modéré d’une seule touche de clavier, laissée en plus à votre libre choix. Oui, ce petit bout-de-chou vidéo-ludique a l’air innocent. C’est un piège. Votre personnage va rapidement se coincer dans des éléments du décor, et l’en sortir ne sera pas chose aisée, d’autant plus lorsqu’un de vos adversaires se fera une joie de répandre votre sang sur la route en vous écrasant misérablement.
Inutile de préciser qu’à six doigts sur un unique clavier, les interactions en dehors de l’écran n’en sont que plus croustillantes. Réalisé dans le cadre de la Ludum Dare 48 dont le thème était entire game in one screen, Ghostring se révèle au premier abord sans grandes prétentions, mais une fois joué avec des adversaires un brin sadique et investis, se transforme en une chouette opportunité de haïr, ou de se faire haïr par ses pairs.

 

 

JUST ANOTHER SKETCH ON THE WALL

OùKonJoue: DansTonBrowser | KiKiafé: TeamFlare
Keske sé: 7 minutes / Gratuit / Unity / Street Puzzle Art Game.
Via: oujevipo
BDCL#10_JustAnotherSketchOnTheWall
Disons-le franchement, une jam c’est rarement l’occasion de mettre sur pied un moteur de jeu innovant et visuellement bluffant. C’est bien moins casse-gueule d’opter pour un truc déjà tout fait et d’élaborer plutôt une mécanique un peu originale qui pourrait s’articuler autour d’un solide squelette. C’est précisément pour ça que Just Another Skecth On The Wall brille par son audace, à savoir celle de mépriser ouvertement cette latente bienséance jammesque.
Votre avatar consiste en un petit dessin 2d évoluant le long d’un mur, ayant pour simple mission de se débarrasser des obstacles se dressant sur sa route, en utilisant d’autres graffitis pour les faire interagir entre eux, façon puzzle-game. Certes, certaines combinaisons s’avèrent assez peu intuitives, mais vu que leur nombre reste assez modeste, la fameuse technique d’essayer avec acharnement tous les possibles ne s’avère au final pas si laborieuse. Si bien qu’au terme de votre très court parcours, il se peut que tout comme moi, vous ayez finalement envie d’en voir plus.

 

 

HOT DATE

OùKonJoue: itch.io | KiKiafé: George Batchelor | Levi Pack
Keske sé: 10 minutes / Gratuit / PC, MAC, Linux / Pug Dating Simulator.
HOT_DATE_GIF
Je n’ai jamais eu d’animal de compagnie, si ce n’est un poisson rouge qu’on m’a offert et dont le destin funeste ne peut s’expliquer que par un manque d’affection. Je ne suis jamais parvenu à comprendre l’intérêt qu’il peut y avoir à s’occuper d’un tas de poils baveux peu soucieux de la nuisance de ses propres défécations. Hot Date a permis d’élever mon incompréhension à un niveau supérieur. En effet, la romance canine proposée par Hot Date a été synonyme pour moi d’une grande frustration. Il m’a été impossible de trouver les mots, les réparties nécessaires pour charmer mes interlocuteurs dans le court temps imparti par ces multiples séances de pug speed dating. Pour ma défense, je tiendrai à faire remarquer le caractère absolument abject de mes partenaires. Pédants, hautains voir même dédaigneux, ils n’y sont pas allés avec le dos de leurs coussinets pour me faire sentir la maladroitesse de mes techniques de séduction. Mais au final peu importe, parce que je me suis bien poilé.

 

 

GHOST COIN

OùKonJoue: gamejolt | KiKiafé: Konstantin Kopka
Keske sé: 2 minutes / Gratuit / BrowserGame / Trip granuleux.
BDCL#10_Ghostcoin
Ghost Coin c’est l’assurance de passer deux minutes de votre précieux temps à vivre une expérience pour laquelle je vous défie de me donner une explication, ou même des mots. Pourtant, rien ne se mettra au travers de vous et de ce qui se passera à l’écran. L’interaction y est simpliste : il faut gratter. Un peu comme un billet de loterie, mais exactement le contraire. Au lieu d’une réponse tranchée et sans appel au dénouement de votre grattage, Ghost Coin lui vous abandonnera avec toutes ses questions.

 

 

SAFETY BLANCKET

OùKonJoue: ludumdare | KiKiafé: Simon Larsen | Lukas Hansen
Keske sé: 5 minutes / Gratuit / PC, MAC, Linux / Terreurs tentaculaires nocturnes.
Via: oujevipo
BDCL#10_SafetyBlancket
S’il est bien un bastion inébranlable dans lequel chacun d’entre nous s’est déjà réfugié, c’est assurément sous la couette. Cet abri millénaire nous protège des monstres tapis dans les ténèbres insondables qui hantent le dessous de nos sommiers. Emmitouflé dans ce cocon matelassé, la malveillance des créatures imaginaires qui hantent nos cauchemars ne saurait trouver un quelconque artifice pour y pénétrer.
Oui. Mais que se passe-t-il si l’ampleur de la couverture ne peut suffire à couvrir l’entièreté de notre surface corporelle ? Qu’advient-il de nos membres lorsque ceux-ci se découvrent dans un spasme nocturne? Dans Safety Blancket, le constat est sans appel. Nous sommes en danger et les forces du mal profitent de la situation pour ramper lentement jusqu’à nos extrémités vulnérables. Il ne reste alors qu’à recouvrir ces parties exposées dans la hâte, en tirant la couverture là où le Mal décide de frapper.

 

 

CUBE ESCAPE: ARLES

OùKonJoue: DansTonBrowser – SurTonIpadSurAndroid | KiKiafé: RustyLake
Keske sé: ~1h00 / Gratuit / Browser ou Mobile / Escape room sympa pour les nuls.
Via: indiegamemag

L’escape room est un sous-genre du puzzle-game à part entière. Austère, claustrophobique, énigmes cryptiques à souhait, tous les ingrédients y sont savamment réunis pour inciter le joueur à l’auto-défenestration. Le concept est pourtant simple, enfermé dans un huis clos, le joueur doit user de tous les éléments qui l’entourent pour parvenir à s’enfuir. En pratique, ça donne une espèce de point-and-click où l’on se retrouve à cliquer minutieusement sur chaque pixel apparent pour désespérément dénicher un indice où un objet planqué, parce qu’avec ce qu’on a déjà sous la main, ça paraît impossible d’avancer. Oui, j’ai été traumatisé, mais ça c’était avant Cube Escape.

C’est dans la peau du célèbre peintre impressionniste mono-auriculaire qu’il va falloir user d’une bonne grosse dose de réflexion et d’observation pour parvenir à s’enfuir. Mais à contrario des autres expériences du même type, Cube Escape s’est révélé exigeant mais moins tiré par les cheveux. Tous les éléments nécessaires à la résolution des énigmes se trouvent à portée visible du joueur qui n’a plus qu’à remuer ses méninges pour tisser les relations de sens entre les différents indices. Toujours dans cette volonté de rendre le jeu agréable plutôt qu’interminable, les gentils développeurs ont même mis à disposition un walkthrough qui permettra d’éviter aux joueurs les moins aguerris de s’arracher de précieuses touffes de tifs. Comme si ça ne suffisait pas, la progression réserve d’agréables surprises scénaristiques.

Si tout comme moi le genre vous a toujours effrayé, Cube Escape est l’occasion rêvée d’affronter vos démons et d’élargir votre référentiel de compétences de gamer, pour qu’en un jour opportun vous puissiez vous la péter en clamant l’air de rien : Moi j’ai déjà réussi à terminer un escape room.

 

 

DING DANG DOOM

OùKonJoue: DansTonBrowser | KiKiafé: Qui Cung AlexiseutchFlorian Brönnimann
Keske sé: 5 – 30 minutes / Gratuit / Construct 2/ Triangle cosmique dans une cave.
BDCL#10_DingDangDoom
⇓ ⇙ ⇚ + Poing, ou ⇓ ⇙ ⇚ + Pied font partie de ces innombrables combinaisons quasiment ancrées dans le code génétique des joueurs. À un tel point d’ailleurs, que je soupçonne certains d’entre vous d’avoir ouï quelque part entre deux connexions synaptiques le son associé à ces manipulations. C’est tout à fait normal. À force de les utiliser, ces connaissances n’appartiennent plus au domaine du savoir conscient, mais bel et bien quelque part dans la mémoire mécanique au même titre que le changement de vitesse dans une voiture ou l’habitude de baisser la lunette des chiottes pour les mieux dressés d’entre vous. Pour vous en convaincre, rien de plus facile. Demandez à un joueur de Street Fighter chevronné d’enseigner son art du combat à un véritable néophyte ; Ce qui est littéralement naturel pour l’un se révèle être un pur calvaire pour l’autre.

Ding Dang Doom va vous permettre de revivre cette douloureuse étape de l’apprentissage qui doit être viscéralement assimilé pour espérer en tirer un quelconque profit. Sous les traits d’une grand-mère en proie à une horde de créatures démoniaques et hétéroclites, c’est à l’aide d’un triangle que vous essaierez péniblement de survivre. Attention cependant, rien à voir avec le symbole géométrique de l’hipsterisme, il s’agit de l’instrument de musique. En respectant certaines combinaisons de sonorités, le-dit triangle va en effet produire des réactions pour le moins étonnantes, comme augmenter la luminosité de l’endroit, déchaîner le pouvoir de la foudre, ou même générer une aura que vous pourrez faire exploser pour anéantir tout les ennemis pris dans son rayon d’action. Chacune de ces réactions s’avère utile dans une situation donnée. Dans un premier temps, il est nécessaire d’identifier ces situations, puis dans un second temps d’y réagir de manière adaptée. C’est là où ça devient sympatoche, car il faut faire vite. Sans avoir pleinement assimiler les combinaisons, vous vous ferez submergés. Heureusement, un tutoriel bien pensé est là pour rendre vos premières symphoniques triangulées moins cacophoniques.

 

 

THEROPODS

OùKonJoue: gamejolt | KiKiafé: Kostas Skiftas
Keske sé
: 15 minutes / Gratuit / Point and click vintage / Ginger Power.
BDCL#10_Theropods
Theropods vous propose sous fond de point and click traditionnel, une nouvelle interprétation de la préhistoire. Ici, la bombasse rousse que vous incarnez n’est pas capillotractée par son mâle alpha jusqu’à la caverne conjugale pour y faire mijoter du ragoût de raptor. Non, la dame à la chevelure flamboyante n’a besoin de l’aide de personne et n’a surtout pas à rougir face à Chris Pratt. Au-de-là de ces considérations féministes, Theropods a vu le jour à l’occasion de l’Adventure Jam. Du coup, si la fibre de l’explorateur fougueux sommeille en vous et que vos pérégrinations sur google earth ne vous suffisent plus, je ne puis que vous conseiller d’y jeter un coup d’oeil. Vous y trouverez pléthore de petits titres sympathiques aux secrets/tombeaux/catacombes/univers parallèles ne demandant qu’à être pillés.

 

 

PRINCESS NOM NOM

OùKonJoue: itch.io | KiKiafé: DziffPinguThomas PattouArmel Gibson
Keske sé
: ~15 minutes / Gratuit / PC, MAC / Collecte de ressources avec des esclaves chous.
BDCL10_PrincessNomNom
Les mots me manquent, mon esprit chamboulé peine à se remettre de l’étrange expérience dont j’ai été témoin. En effet, c’est tétanisé que je me suis vu absorbé par Princess Nom Nom, sans parvenir à y résister. Je me suis laissé happer par son apparente naïveté. Tout a commencé avec les personnages mignons dont le petit sautillement léger et enjoué a éveillé en moi des sourires que je n’ai pu refréner. Leurs petits cris joyeux m’ont hypnotisé. J’aurai dû m’en douter. La présence bien visible du bouton mute dans l’interface n’est pas anodine, un joueur plus respectueux de sa condition psychologique l’aurait certainement utilisé pour se préserver de cette cacophonie mielleuse. Mais lorsque j’ai remarqué sa présence, il était déjà trop tard.

Princess Nom Nom a cela de monstrueux que sa forme et son fond résonnent en une dissonance perverse. Le but du jeu consiste à engraisser une princesse devenue trop obèse pour se déplacer. Elle défèque ces fameux mignons petits laquais qui sont ensuite envoyés par le joueur pour récolter de la nourriture en différents endroits en dehors de l’écran. S’ensuit alors un bal coloré plus ou moins organisé où vos serviteurs sortent de l’écran pour y revenir les bras chargés de multiples victuailles. Plus le jeu avance, plus les quantités de nourritures nécessaires à n’importe quelle action se révèlent importantes. Il faut cliquer, plus, toujours plus, pour que tout ce joli petit monde nous gave de bouffe dans une espèce de bonne humeur guimauve horrible. C’est ça qui rend fou. Il m’en fallait beaucoup plus, plus de petits esclaves mignons, plus de bouffe, plus de mignonnerie, plus d’upgrades… J’ai perdu le contrôle, je ne pouvais plus m’arrêter. Sans que je m’en rende compte, j’étais devenu comme la princesse amorphe et inerte qui se goinfrait au milieu de l’écran. Je fus orgie.

Voilà, chocobisous.